Les Congolais étaient très inquiets à la veille du démarrage solennel de la session d’avril. Le dimanche 15 mars, soit 24 heures avant la cérémonie d’ouverture, tous les drapeaux étaient en berne. Au siège de l’AMP, coalition majoritaire à l’Assemblée nationale, le ton était à la colère et aux règlements des comptes. Un seul mot d’ordre : pas un député de la majorité dans la salle des congrès du Palais du Peuple. Le calcul était simple et l’objectif bien affiché. D’une part, il s’agissait de priver l’assemblée du quorum nécessaire à la tenue de la rencontre, et d’autre part, il fallait empêcher Vital Kamerhe de prononcer le discours de circonstance. Un discours très redouté par les extrémistes de la famille présidentielle qui suspectaient le président de l’Assemblée Nationale de vouloir saisir l’occasion pour brûler le pays.
Juger aux actes La campagne menée depuis deux semaines a eu pour résultat de pousser le public à se déplacer massivement en direction du Palais du Peuple. Beaucoup voulaient comprendre ce qui divise réellement les enfants d’une même maison et savoir pourquoi des fatwas sont désormais lancés contre le n°1 de l’Assemblée Nationale. Mais comment entrer dans ce Palais ceinturé par un dispositif policier impressionnant ? Certains ont réussi à passer entre les mailles du filet, d’autres non. Mais une chose est certaine : la tribune réservée au public a affiché complet. Même les journalistes qui ont été malmenés ont réussi à y entrer et à couvrir une manifestation dont on voulait on ne sait trop pourquoi, leur interdire l’accès. Dans la salle des congrès, devant les députés de l’opposition, les indépendants, quelques députés courageux de l’AMP et les membres du corps diplomatique, Vital Kamerhe a prononcé un discours qui a séduit par son élégance et la qualité des arguments développés. L’homme n’est pas le pyromane que l’on décrivait la veille à la messe basse de l’AMP. Il n’est pas non plus un rebelle. C’est tout simplement un Congolais digne, qui a une haute idée de son pays et qui croit dur comme fer que la démocratie est notre pain quotidien, que nul n’a le droit de nous arracher de la bouche. Il le dit en paraphrasant les sages. Il le souligne en revisitant les grands penseurs du droit. C’est à la fois une leçon publique de droit qu’il donne et un appel à la citoyenneté responsable qu’il lance. Il faut sauver le pays et pour le faire, il faut protéger la démocratie. Répondre à cette leçon de citoyenneté responsable par des injures et des appels au meurtre ne résout aucun problème. Le moment est venu de réaliser qu’à force de s’acharner sur un homme, on fabrique un mythe. Le Phare a déjà eu à l’écrire et à le souligner dans ces mêmes colonnes. Il est temps de s’arrêter un moment, pour réfléchir et non toujours détruire. La détente ne devrait faire du mal à personne, à moins que l’on soit animé d’autres intentions, contraires à celles qu’on affiche publiquement. La vérité se situe peut être là.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire