Introduction
Le fonctionnement actuel de l’économie mondiale souffre de déséquilibres de plus en plus flagrants qui affectent particulièrement les producteurs de produits agricoles tropicaux, victimes des politiques agro-industrielles basées essentiellement sur les rendements et le profit. Les prix et les conditions d’achat leur sont imposés sans négociation et le plus souvent, ces prix d’achats ne couvrent pas même les coûts de production. Face à ce constat l’application du commerce dont ses systèmes de garantie sont nombreux et l’enjeu d’une harmonisation est majeur. La collaboration des grands réseaux internationaux de commerce équitable, le développement de labels équitables régionaux et nationaux, notamment au Sud et l’implication régulatrice des pouvoirs publics peuvent ouvrir des pistes. A quoi sert le commerce équitable ? Quel est l’impact local du commerce équitable ? Est-il encore pertinent ?
Chapitre 1 : Définition du commerce équitable
Le Commerce équitable est un partenariat commercial qui se veut une alternative au commerce international traditionnel visant de parvenir à un développement harmonieux et durable des producteurs défavorisés et marginalisés. Pour cela, il offre de meilleures conditions commerciales, en attirant l’attention du public et en menant des campagnes.
En contrepartie, les producteurs s’engagent à respecter certaines règles sociales (interdiction du travail forcé et de l’exploitation des enfants, respect de la déclaration de l’Organisation Internationale du Travail sur les droits fondamentaux des travailleurs) et environnementales.
1- Les principes du commerce équitable ?
Les règles du commerce international font peser sur les petits producteurs marginalisés, une pression de plus en plus forte contre laquelle ils n'ont pas les moyens de lutter. Le commerce équitable propose un nouveau modèle basé sur une relation plus équilibrée entre les différents partenaires commerciaux. Soutenu par les consommateurs, ce commerce garantit aux producteurs des pays en voie de développement l'achat de leurs marchandises à un prix " juste" à l'abri des fluctuations du marché.
Le commerce équitable repose donc sur cinq principes fondamentaux : tout d’abord assurer une juste rémunération du travail des producteurs et artisans les plus défavorisés ensuite garantir le respect des droits fondamentaux des personnes (refus de l'exploitation des enfants, du travail forcé, de l'esclavage...), instaurer des relations directes, durables et transparentes entre partenaires économiques et aussi favoriser la préservation de l'environnement enfin proposer aux consommateurs des produits de qualité.
3- Quels sont les objectifs du commerce équitable ?
Le commerce équitable vise deux objectifs principaux : en premier temps créer et favoriser les conditions permettant aux agriculteurs des pays pauvres de développer eux-mêmes une activité économique rentable et pérenne en leur donnant un accès juste, direct et sans circuits intermédiaires spéculatifs aux marchés consommateurs des pays riches. Le commerce équitable se veut comme un levier de développement économique et une alternative aux actions d'aide et de charité humanitaires pour les personnes défavorisées mais capables de travailler. Tandis que dans un deuxième temps éveiller les consommateurs sur la puissance de leur pouvoir économique en tant qu'acheteurs afin qu'ils puissent dans leur consommation courante être acteurs d'une alternative économique mondiale favorisant le développement durable, l'éthique, le respect des travailleurs, le respect de l'environnement.
Chapitre 2 : Comment fonctionne le commerce équitable ?
1- Le respect des standards génériques
Tous les maillons de la filière équitable - importateurs, industriels - sont agréés et contrôlés par les organismes certificateurs FLO-Cert, FLO/Max Havelaar pour la France. Concrètement, cela signifie qu'ils se sont engagés contractuellement à respecter les standards internationaux génériques du commerce équitable. Ces standards sont décrits dans un cahier des charges minimum, auquel sont ensuite ajoutés des engagements propres à chaque groupe, selon ses besoins et ses possibilités. Il existe ainsi des standards génériques pour les producteurs de café, les exploitations de thé, les planteurs de bananes,...
2- Les maillons de la filière équitable
Pour les petits producteurs, la plupart du temps, le commerce équitable vient soutenir un processus de développement déjà initié par des producteurs qui ont fait le choix de s'organiser en coopératives pour faire face aux difficultés.
3- Les organismes de contrôle du commerce équitable
Dans l’organisme de contrôle du commerce équitable il y a le FLO International (Fairtrade Labelling Organisations) qui a été créée sous l'impulsion des initiatives nationales de certifications déjà existantes (Max Havelaar Hollande, Max Havelaar France, Fairtrade Etats-Unis, Transfair Allemagne). Pour chaque marché national, les deux organisations nationales/internationales sont complémentaires du point de vue du contrôle , ensuite le FLO-Cert :chargé de prise en compte, la certification et les contrôles, l'application des standards, qui a été créée par FLO International afin d'apporter les garanties de transparence et d'indépendance exigées par la norme internationale . L'entreprise contrôle et délivre la certification commerce équitable. Elle s'assure que les producteurs ont bien perçu une rémunération pour leurs produits comprenant le prix minimum garanti, qui permet de couvrir les coûts d'une production durable, ainsi que le versement de la prime de développement qui doit permettre aux producteurs d'améliorer leurs conditions de vie.
Chapitre 3 : Synthèse sur le commerce équitable
Les points forts du commerce équitable :
Le commerce équitable touche un public de plus en plus large et de nombreuses initiatives voient le jour : nouvelles filières, diversification des produits concernés et développement des réseaux de distribution. Ce dynamisme soutient un nombre croissant de producteurs engagés dans cette démarche : plus d’un million et demi en Afrique, Asie et Amérique Latine.
En outre les produits alimentaires et l'artisanat, le commerce équitable concerne également le secteur cosmétique (beurre de karité, huiles essentielles…), les compléments alimentaires, le textile et maintenant les services, avec l’organisation de voyages équitables et solidaires. On note alors le développement du commerce équitable qui se traduit par une augmentation du nombre de points de vente (boutiques spécialisées, grandes et moyennes surfaces, sites Internet de vente en ligne), des volumes de produits vendus et du nombre de références disponibles pour les consommateurs publics et privés comme exemple en France, on dénombre actuellement 250 points de vente spécialisés, des entreprises de vente par correspondance et de nombreux sites Internet consacrés partiellement ou totalement à la vente en ligne de produits issus du commerce équitable. Il ne faut pas non plus oublier la distribution via les réseaux des boutiques « bio » (près de 500), et bien sûr, plus de 10 000 grandes et moyennes surfaces qui distribuent des produits alimentaires.
En addition une notoriété qui s’affirme. Hier encore confidentiel, le commerce équitable voit sa notoriété s’accroître fortement depuis 2000. Cette progression spectaculaire s’explique par le travail permanent des acteurs du commerce équitable et le relais soutenu des médias
Ainsi que l’appui au développement du Sud dans l’amélioration du niveau de vie de 500.0000 personnes dont 1 500 000 producteurs, le développement social, environnemental et communautaire et la structuration et renforcement des organisations de producteurs ainsi qu’une ouverture pour le Nord du levier économique du commerce équitable , du premiers pas vers une sensibilisation à la solidarité international dans la prise de conscience politique des consommateurs
2-Les critiques sur le commerce équitable :
Le critique sur le commerce équitable se traduit sur l’implication croissante de la GMS (Grande et Moyenne Surface) dans la commercialisation des produits issus du commerce équitable qui pose de nombreuses questions, présente des opportunités, mais aussi des risques. Afin que les grands distributeurs ne dévoient pas la démarche, les opérateurs du commerce équitable doivent maintenir une capacité de négociation commerciale. Ils doivent également veiller à ce que les systèmes de garantie qu’ils peuvent mettre en place satisfont aux exigences de la démarche.
Comme l’institution d’Adam Smith nota qu'en augmentant les prix des produits « équitables », le commerce équitable incite de nouveaux producteurs à entrer sur le marché. Dès lors, cela augmente la production et fera baisser le cours des produits non équitables, au détriment des petits paysans qui ne produisent pas « équitable » et de l'environnement .De ce fait le même cas qu'une subvention sur des produits au cours bas, le commerce équitable ne fait qu'exacerber le problème en augmentant la production et en encourageant la poursuite d'activités non viables au détriment de productions réellement utiles.
Conclusion:
En guise l’impact du commerce équitable représente la nouvelle situation issue de l’ensemble des résultats et effets induisant des changements significatifs et durables, dans la vie et l’environnement des personnes ou des groupes pour lesquels un lien de causalité direct ou indirect peut être établi avec l’action de développement.
En 30 ans, le contexte du commerce équitable a fortement évolué sous l’effet d’une opinion publique favorable et d’un développement des parts de marché. De nouveaux acteurs et tout autant de stratégies, alliances et enjeux sont apparus. Aujourd’hui, bien que déjà considéré comme une démarche de développement permettant de réelles transformations sociales au Sud comme au Nord, le commerce équitable reste soumis à plusieurs défis.
Par HUGO KITENGE, Ph.D (c.)
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Bibliographie
L'économie Sociale au Nord et au Sud.
de Jacques DEFOURNY, Patrick DEVELTERE et Bénédicte FONTENEAU.
Editions Ouvertures économiques, De BOECK Université, 1999.
L'Ethique dans les Relations Economiques Internationales
En hommage à Philippe Fouchard.
Centre René-Jean DUPUY pour le Droit et le Développement.
Centre De Recherche sur le Droit des Marchés et des Investissements Internationaux (CREDIM)
Editions PEDONE Paris 2006