La sale question, celle qui dérange, a fini par rattraper les autorités congolaises qui n’avaient pas, en la matière, fait preuve de la plus grande transparence lors du lancement de l’opération conjointe RDC-Rwanda contreAlors que l’opinion s’interrogeait et se perdait en conjectures à l’annonce de l’entrée des troupes régulières rwandaises sur le territoire de la RDC le 20 janvier, le ministre de la Communication et des médias tentait pour sa part de répondre à l’inquiétude générale en parlant plutôt de quelques observateurs rwandais seulement déployés dans le cadre de l’accord du 5 décembre 2008. Depuis, aucun élément nouveau n’est venu apporter davantage de précision. Jusqu’à ce mercredi 25 février 2005. Célébrant par une cérémonie officielle organisée à Goma le retour dans leur pays des troupes rwandaises, les autorités congolaises ont tenté, à leur manière, de lever un coin de voile sur la question qui fâche en indiquant que 1500 éléments de l’armée rwandaise étaient concernés par l’opération de retour et que le reste du contingent suivrait selon un calendrier à définir par l’état-major conjoint.
Combien ? Comme il fallait s’y attendre, plusieurs analystes se sont aussitôt engouffrés dans la brèche pour poser la question qui dérange : 1500 sur combien ? Sous-entendu : à combien étaient-ils entrés en RDC et combien en restent-ils après la cérémonie de mercredi ? S’il faut s’en tenir au modèle de communication déployée jusque là par Kinshasa, la vérité est que la polémique risque de repartir de plus belle autour d’une démarche qui n’a pas toujours brillé par sa transparence, obligeant du coup les Congolais – qui n’ont pas oublié à quel point toutes les précautions ont été prises pour éviter la sale question - à se demander si tant de mauvaise foi ne cache pas finalement un agenda autre que celui affiché officiellement. Il en est de même des Fdlr, cible officielle de l’opération conjointe RDC-Rwanda. Alors que les statistiques faisaient jusque là état de 6500 éléments rebelles Hutus rwandais, le commandement opérationnel de l’opération conjointe a quant à lui évoqué, en guise de bilan, 153 rebelles tués et 1300 combattants et leurs familles rapatriés. Comme pour la précédente question, là aussi, il va de soi que la polémique rebondira pour tenter de savoir combien il en reste des Fdlr en RDC, où sont-ils retranchés et de quelle manière on compte procéder pour les mettre hors d’état de nuire ou les rapatrier dans leur pays. Crainte Cette question est enfin d’autant plus capitale que les Congolais craignent, dans leur majorité, de voir l’opération conjointe ainsi inachevée servir de prétexte à une nouvelle exigence du Rwanda dans l’avenir, ou à la naissance d’une énième rébellion chargée de poursuivre des prétendus génocidaires et de mettre fin à des actes d’épuration ethnique. Pour appuyer cette crainte, les observateurs soulignent le fait qu’il était dès le départ naïf de croire qu’une opération limitée dans le temps, comme celle qui vient d’avoir lieu sur le territoire du Nord-Kivu, puisse prétendre éradiquer l’hydre Fdlr là où les armées de l’Afdl, du RCD et du CNDP encadrées par Kigali n’ont pu obtenir le moindre résultat concret depuis une quinzaine d’années.
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