(Jacques Kimpozo Mayala)
Entré le plus officiellement du monde en territoire congolais le 21 janvier 2009, les soldats rwandais associés à leurs homologues des Forces Armées de la République Démocratique du Congo (FARDC) entament le processus de leur retour au bercail en principe à partir de ce mercredi 25 février. Combien étaient-ils ? Combien vont réellement franchir la frontière congolaise dans le sens inverse ? Nul ne le sait. Annoncés entre 4.000 à 7.000 hommes, la rumeur va jusqu’à les dénombrer au-delà de 12.000. A en croire des informations en circulation à Goma, il semble que les effectifs réels de l’aile armée du CNDP (Conseil National pour la Défense du Peuple) du tandem Nkunda-Ntaganda candidats à l’intégration au sein de l’armée régulière ne s’élèveraient qu’à environ 1.500 combattants. Mais, dès qu’a démarré l’opération de recensement au centre de brassage de Rumangabo, laisse-t-on entendre, le nombre des militaires du CNDP aurait augmenté de manière démesurée, au point qu’aujourd’hui encore, de nouveaux prétendants au brassage ne cessent de se présenter aux officiers des FARDC.De nombreux observateurs pensent qu’à la faveur de leur courte mais «fructueuse » mission en RDC, des milliers de soldats rwandais auraient profité du flou qui régnait au sujet de la taille de la rébellion du CNDP pour s’y infiltrer.
En somme, comme un nouveau cheval de Troie, cet ex-mouvement rebelle a réussi à faire entrer des milliers de soldats rwandais dans le « ventre mou » du territoire congolais qu’est sa partie Est. Comme une lettre à la poste, Kagame aurait ainsi réussi à infiltrer les rangs de l’armée régulière congolaise. Fonds de commerce recapitalisé Alors que les autorités congolaises et la communauté internationale pensaient avoir liquidé, à travers les opérations conjointes des armées congolaise et rwandaise, le fonds de commerce rwandais que constituait la présence des rebelles Hutu des FDLR (Forces Démocratiques pour la Libération du Rwanda), Kigali vient de le recapitaliser. En positionnant des milliers de ses troupes au Nord-Kivu, sous couvert du CNDP, le Rwanda dispose désormais de toutes les cartes pouvant lui permettre de recréer, à sa guise, l’insécurité au Nord-Kivu ou dans un autre coin de l’Est de la RDC. L e gouvernement congolais se trouve ainsi à la merci des caprices de son homologue de Kigali, qui peut actionner ses pions en armes à partir du Nord-Kivu pour soit provoquer la confusion dans les rangs des FARDC, soit lever carrément une nouvelle rébellion, soit menacer de revenir en terre congolaise au motif que des poches de résistance d’Interhamwe auraient repris du service. Appel à la vigilance Compte tenu de la présence quasi certaine des infiltrés rwandais au sein des FARDC, le gouvernement congolais devrait faire preuve de vigilance et de discernement dans la gestion des troupes « intégrées » venues du CNDP. Les autorités civiles et militaires de Kinshasa auraient tort de trop se fier à la bonne foi des officiels rwandais dans les opérations de rapatriement du corps expéditionnaire rwandais ayant campé pendant un mois dans le Masisi. Au besoin, des consignes spécifiques devraient être données aux officiels et soldats congolais de souche pour surveiller de près les faits et gestes d’éléments douteux venus du CNDP. Car, un coup fourré contre la sécurité intérieure est vite arrivé. Nkunda rwandais : un cas interpellateur La nouvelle qui fait hérisser les poils des Congolais est celle ayant trait à l’exhumation, par Laurent Nkunda, de sa carte d’identité de citoyen Rwandais, acquise lors de ses études à l’université de Kigali suivie de son incorporation au sein de l’APR (Armée Populaire Rwandaise). Si on part de la logique selon laquelle Nkunda était Rwandais avant son entrée dans l’armée du RCD, qu’il l’était au moment de la réunification de nos forces armées en 2003 et de son élévation au grade de général, qu’il était tout au long de sa présence à la tête du CNDP, l’on peut en déduire qu’il doit avoir recruté, pour sa rébellion l’essentiel de ses éléments au sein de la communauté rwandaise. Bref, il a légué à Bosco Ntaganda, un héritage empoisonné. C’est donc la milice essentiellement rwandaise du CNDP qui a fait allégeance au gouvernement de Kinshasa et qui vient d’intégrer les FARDC. Alors, attention, il y a péril en la demeure. L’alerte de Kamerhe justifiée Au regard des incertitudes que des infiltrés rwandais font peser sur la souveraineté de la RDC , sur la stabilité de ses institutions politiques et sur la sécurité de ses citoyens, l’alerte du président de l’Assemblée Nationale, Vital Kamerhe, au sujet de l’alliance congolo-rwandaise à l’Est, mérite d’être examinée à la loupe. Il serait suicidaire de la part des faucons de la cour présidentielle de faire comme si le piège rwandais n’existait pas. Ce n’est pas sans raison que les évêques congolais, qui ont eux aussi flairé le danger de l’hypothèque qui pèse sur l’indépendance nationale, des risques de remise en cause de la paix en chantier et de la déstabilisation du pouvoir en place, ont adressé aux fidèles catholiques et à l’ensemble de la Nation , un appel à la vigilance. C’est dire qu’un débat s’impose aujourd’hui plus que jamais pour éclairer toutes les zones d’ombres qui obscurcissent non seulement l’accord Kinshasa-Kigali, mais aussi les opérations d’intégration des soldats du CNDP au sein des FARDC et l’accord global annoncé à Nairobi, dans un proche avenir, entre le gouvernement de Kinshasa et le CNDP. Et, il n’y a pas meilleure tribune, pour la recherche de la vérité dans ce qui se trame à l’Est du pays, que la Représentation nationale, afin que du choc des idées jaillisse la lumière, au bénéfice des Congolais et de leur patrie.
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