dimanche 4 avril 2010

Des combats à Mbandaka

Par Le Potentiel

Week-end agité à Mbandaka, chef-lieu de la province de l’Equateur. Des combats opposent dans la ville même les FARDC aux éléments armés. A en croire des coups de fil en provenance de Mbandaka, le gouvernorat serait attaqué et des éléments armés se dirigeraient vers l’aéroport. Ainsi, après Dongo, Makanza, c’est maintenant le tour de Mbandaka de connaître des moments d’insécurité avec toutes les conséquences que cela entraîne tant sur le plan social, économique qu’humain. Il y a lieu d’arrêter cette spirale de combats meurtriers qui ne livre pas encore ses secrets.

Confusion à Mbandaka, chef-lieu de la Province de l’Equateur. Si au niveau de l’assemblée provinciale, on s’empoigne pour le bureau de cette instance provinciale, les habitants de la ville de Mbandaka se sont réveillés ce dimanche pascal sous les tirs de balles. Des coups de feu ont été entendus du côté de la résidence du gouverneur ; « le gouvernorat ». Il semble, selon les premiers éléments d’information parvenus à Kinshasa, les assaillants auraient occupé le « gouvernorat pendant quelques heures » avant de poursuivre en direction de l’aéroport. Selon Radio Okapi, les insurgés ont occupé l’aéroport après des combats à l’armes lourde.

Mais en début d’après-midi d’hier dimanche, des personnes jointes par téléphone, ont confirmé le déroulement des combats qui augmentaient d’intensité. On ignorait encore si dans leur progression, les assaillants ne se sont pas emparés de la « poudrière » pour expliquer justement cette intensité de combats.

Ces assaillants, selon un habitant de Mbandaka, sont arrivés à Mbandaka à bord d’un bateau «Malaïka», a-t-on appris à Kinshasa accosté au port de Bakinta en tirant des coups de feu nourris avant d’attaquer le gouvernorat, situé au bord du fleuve. Ils seraient une centaine.

Avant les combats de ce week-end, l’on se rappellera que les autorités provinciales avaient fait état de l’arrestation de certaines personnes de la bande à Ondjanli, ce mystérieux chef des Enyele, dont notamment son chauffeur. Le 24 mars 2010, dans une déclaration faite à la presse et reprise par le journal L’Observateur, le Commandant de la IIIè région militaire, le général Michel Ekutshu, avait reconnu que les accrochages avaient eu bel et bien lieu le jeudi 25 mars dans la localité de Bomongo, province de l’Equateur entre les FARDC et les insurgés Enyele.

Selon lui, les insurgés avaient tendu une embuscade aux éléments des FARDC dans la localité de Bomongo et les accrochages avaient fait 21 morts du côté des insurgés, tandis que du côté des FARDC, un soldat a été tué.

Que des combats se déroulent en plein centre de Mbandaka, c’est dire que la situation est sérieuse. Elle appelle de la part des autorités des FARDC, de Mbandaka et de Kinshasa, des réactions urgentes et efficaces.

DE DONGO A MBANDAKA

Cette situation inquiétante appelle également à une réaction efficace doublée d’une réflexion profonde. En fait, tout est parti de Dongo avant d’atteindre Mbandaka en passant par Makanza, sans oublier toutes les localités situées sur ce parcours. Si l’on peut reconnaître les efforts entrepris par les autorités tant nationales que provinciales pour rétablir l’ordre et l’autorité de l’Etat, il y a lieu de reconnaître qu’il y a là un goût d’inachevé. Que les véritables meneurs, les instigateurs ne sont pas encore arrêtés, ni neutralisés et procéderaient certainement par distraction pour progresser, selon leurs objectifs prévisionnels.

Sinon Mbandaka ne serait pas touché comme c’est le cas maintenant. De un.

La deuxième réflexion soulève une autre série d’interrogations. Qui sont ces assaillants qui savent se servir d’armes et donnent l’impression de bien faire « la guerre » pour narguer les FARDC ? Comment sont-ils approvisionnés en armes quand on sait qu’ avec la situation géographique, la RDC partage ses frontières avec le Congo Brazzaville et la RCA du côté de la Probince de l’ Equateur? Quel est leur effectif ? Comment expliquer que des « paysans » qui se sont battus pour des étangs de poisson deviennent subitement des « éléments armés » ? Il revient au gouvernement d’apporter désormais des réponses précises à ces interrogations.

Il est un fait indéniable que cette situation d’insécurité pose de nombreux problèmes aux populations de cette province de l’Equateur. Pour preuve, la navigation est rendue difficile à cause justement de ces combats. Des armateurs refusent de se hasarder à prendre le fleuve. Selon une mini-enquête réalisée par Le Potentiel, près d’une soixantaine de bateaux et autres embarcations sont bloqués à Kinshasa. Ils attendent de voir clair, d’être rassurés avant de voyager. Entre-temps, des produits sont bloqués à l’intérieur de cette province pendant que les habitants ne peuvent se ravitailler en produits manufacturés. Situation dramatique.

D’autre part, les combats de Mbandaka démentent en quelque sorte les déclarations du gouverneur de la province de l’Equateur. Au sortir de l’audience que lui avait accordée dernièrement le vice-Premier ministre, Professeur Adolphe Lumanu Mulenda Bwana Sefu, il avait déclaré ce qui suit : « La rébellion a pris fin dans ma province. On ne parle plus d’insurgés Enyele comme une bande organisée, mais bien plus comme un résidus de bandits ou des gens qui errent à la quête des moyens de survie. La province vit actuellement dans la tranquillité. Les insurgés qui, il y a trois mois, attaquaient des embarcations sur le fleuve Congo ». Autre fait curieux, les Enyele entrent à Mbandaka au lendemain de la confusion au sein de l’assemblée provinciale, avec la casse intervenue au siège de cette institution provinciale.

RECHERCHE DE LA PAIX

Devant cette situation, il y a lieu d’éviter qu’il y ait d’autres Mbandaka, Dongo et autres Makanza. Si la tendance consiste à affaiblir l’autorité de « Kinshasa », il revient au gouvernement central de bien lire ces signaux et de bien les interpréter.

Car on ne peut comprendre que des paysans qui se disputent des étangs de poissons, visent des objectifs civils et militaires. Il faut creuser la question.

Cette réflexion profonde ne doit nullement exclure la genèse de tous les conflits armés qui se sont déroulés dans notre pays. Ces forces obscures qui refusent que la RDC décolle ont plusieurs tours dans leurs manches. La vigilance doit être de rigueur pour qu’il n’y ait pas d’effets d’entraînement dans les autres provinces.

Comme il sied de le rappeler, en pareilles circonstances, toutes les institutions nationales sont interpellées et ont l’obligation politique de se saisir de cette question. Dans cet élan de recherche d’une paix durable sur toute l’étendue de la République démocratique du Congo.

En dernière minute, on apprend que les insurgés Inyele ont été délocalisés de l’aéroport.

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