Conflits frontaliers à répétition
Le Potentiel
A entendre et à lire des discours des chefs d’Etat africains et européens abondamment distillés sur Internet, il se dégage qu’une sorte d’injustice fut commise en faveur de l’ancienne propriété du roi belge de l’époque (Léopold II) lors de la Conférence de Berlin dont les travaux, débutés le 15 novembre 1884 s’achevèrent le 26 février 1885. Aussi, d’aucuns craignent que toutes ces ambitions mal contenues et des incidents frontaliers à répétition sur le tracé des bornes entre voisins de la RDC ne s’inscrivent dans la logique d’une convocation éventuelle de la Conférence de Berlin-bis à l’initiative de certains lobbies occidentaux.
Les relations entre la RDC et ses voisins évoluent depuis quelques décennies en dents de scie. Particulièrement avec les pays de la région des Grands Lacs. Relations diplomatiques et autres rompues en signe de protestation. A la base de cette animosité, des accusations mutuelles sur l’entretien des mouvements rebelles internes qui choisissent comme lieu de prédilection les territoires frontaliers.
C’est ainsi qu’il y a encore peu, le Rwanda, l’Ouganda et dans une moindre mesure le Burundi se regardaient en chiens de faïence. Des rébellions internes à ces trois pays avaient élu domicile sur le sol congolais tout comme différents mouvements rebelles congolais ont été lancés à partir des ces territoires voisins. Le Congo a payé le lourd tribut des agressions, occupations et rébellions successives en termes de pillages systématiques de ses ressources alors que des millions de Congolais sont morts au cours de ces conflits armés.
Des signes avant-coureurs
Parallèlement à cette tragédie qui tardait à s’éteindre du fait de l’implication des puissances d’argent, des dénonciations ont été émises autour d’un complot ourdi contre la RDC. Les documents en circulation faisaient état de la création probable d’un Etat dans l’Est de la RDC afin de faciliter l’exploitation des richesses minières et autres de l’ancienne colonie belge.
Cette exploitation illégitime est attestée par des témoignages de quelques intellectuels et universitaires congolais. Dans une conférence de presse à Kinshasa, le professeur Elikia M’bokolo affirmait avoir participé à une rencontre internationale où le président ougandais Yoweri Kaguta Museveni avait déclaré, pince sans rire, que le problème dans la région des Grands Lacs était la RDC. Selon lui, « le Congo était un pays aux espaces immenses dont les habitants et les dirigeants ne savent ni occuper ni exploiter alors qu’à côté il y avait des voisins qui peinaient à survivre faute d’espace vital » Sic.
De là à faire un lien avec la thèse de la création d’un tutsiland ou d’un empire himatutsi il n’y avait qu’un pas à faire. Thèse qu’un autre intellectuel, Vangu Mambweni, avait développée avec documents à l’appui et illustrations abondantes quelques années auparavant. Il s’agit de l’ouvrage intitulé « Guerres préméditées dans la région des Grands Lacs ».
D’autres témoignages indiquent que le président rwandais Paul Kagame aurait fait les mêmes déclarations, dans des circonstances analogues que son homologue ougandais au sujet de la RDC. Lesquelles déclarations auraient bénéficié d’une oreille attentive dans la communauté internationale. Ce qui pourrait expliquer le soutien que les deux voisins ont reçu dans le conflit qui les opposait à la RDC. Puis, il y a eu la Conférence internationale sur la paix, la sécurité et le développement de la région des Grands Lacs. Une initiative saluée par tous dans la mesure où elle représentait le nouvel espoir pour la paix et la renaissance de cette partie de l’Afrique qui se mourait lentement mais sûrement. Des rencontres bilatérales et multilatérales entre pays membres sont initiées. Mais, il se remarque que la question du tracé des frontières revient toujours dans les discussions. C’est le cas du communiqué final de Ngurdoto en Tanzanie qui a retenu également la question sur la limitation des frontières. Pourquoi ? Des richesses qui se trouvent à la frontière commune ou qui sont situées non loin de ces frontières communes seraient-elles la cause principale de toutes ces revendications ?
Les réclamations de l’Angola
Parallèlement aux rencontres de cette conférence, de nouveaux drafts ont été mis en circulation, ravivant davantage la polémique sur une probable balkanisation du Congo. Dans la foulée, l’on a retenu ce que l’on a appelé le Plan Cohen (ancien secrétaire d’Etat adjoint américain chargé des Affaires africaines) et le Plan Sarkozy (actuel président français).
Le temps d’oublier ces fameux plans, un incident est venu relancer la polémique que l’on croyait enterrée avec le développement politique et diplomatique de dernières semaines entre Kinshasa, Kampala et Kigali.
Depuis le milieu de la semaine dernière, des militaires angolais occupent deux villages du Bas-Congo, Sava Ina et Kuzi, dans le territoire de Mbanza-Ngungu. Les premières tentatives de règlement à l’amiable au niveau des responsables provinciaux respectifs n’ont rien changé à la donne. Au contraire, des témoins ont fait état de renforcement de la présence militaire angolaise et que d’autres villages du Bas-Congo seraient concernés.
Cet incident a vite rappelé à la mémoire collective l’affaire Kahemba (Bandundu) qui, en son temps, avait suscité des rencontres à tous les niveaux de l’Etat. Il a même été envisagé un arbitrage international, à défaut des archives d’anciens colonisateurs belges et portugais.
De nouveau, la RDC est occupée par un de ses voisins. Surtout que certaines sources indiquent que des officiels angolais souhaitent de nouvelles rencontres entre experts pour réexaminer le tracé des frontières héritées de la colonisation et sur lesquelles la population congolaise serait en train d’empiéter. Les tenants de la thèse de la balkanisation de la RDC se trouvent une fois de plus égratignés. Aussi, font-ils savoir que des réunions se tiennent dans certaines capitales européennes pour organiser une sorte de Berlin-bis afin de régler une bonne fois pour toute cette question épineuse de tracé des frontières qui met en conflits la RDC avec ses voisins.
Car, soutiennent-ils, après l’Angola, il n’est pas exclu que la Centrafrique, la Zambie ou le Soudan ne se mettent eux aussi dans la danse. Tant ce qui se passe à leurs frontières respectives est prémonitoire de ce nouveau conflit.
Par ailleurs, il nous revient qu’un plan serait monté au niveau international pour que des personnalités favorables à cette remise en question des frontières soient positionnées dans les différentes institutions de la République démocratique du Congo afin de faire aboutir la thèse de la convocation de Berlin-bis.
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