lundi 16 mars 2009

Dehors la chauve-souris politique


Ce qui convient d’être appelé aujourd’hui « l’affaire Vital Kamerhe » n’en est pas une. Il est par conséquent exagéré de parler d’un bras de fer entre le chef de l’Etat, Joseph Kabila et l’ancien président de l’Assemblée nationale, Vital Kamerhe. Cependant, on peut parler de la mésentente d’un homme qui, en un moment, incapable de distinguer le rêve et la réalité, s’est mis en étroit dans une peau qui l’étouffe aujourd’hui. L’Avenir qui ne s’est jamais trompé sur l’homme, se souvient avoir écrit, alors que Vital Kamerhe n’était que ministre, un titre évocateur : « Kamerhe, une chauve-souris politique ». Ceux qui nous avaient accusé d’extrémiste ou d’alarmiste doivent se remettre en cause. Il ne suffit pas de se remettre en cause, mais de réfléchir sur l’avenir de ce clan politique qui s’ouvre à tout le monde et qui, malheureusement, sert mieux les opportunistes que les hommes engagés selon leurs convictions les plus profondes. Combien de Vital Kamerhe, mieux, combien de chauve-souris politiques reste-t-il encore autour de Joseph Kabila ?

Le rôle d’une famille politique, c’est de faire du prosélytisme, chercher de nouvelles adhésions en vue de gonfler ses rangs. A ce titre, nous sommes de ceux qui ont toujours cru que le lumumbisme n’est pas un phénomène historique. Ce qui amènerait à dire qu’il n’y a pas un temps déterminé pour devenir lumumbiste et après, il n’y aurait plus de place pour de nouveaux venus. Car, chaque jour on peut devenir lumumbiste, kabiliste, mobutiste,… Pour ce faire, il faut faire preuve d’une adhésion aux idées forces du clan politique auquel on adhère. Ceux qui ne font aucun effort pour se donner ne fut-ce qu’un petit fond idéologique ne peuvent à la longue que devenir « des chauve-souris politiques ». Lorsqu’il s’agit d’une ambiguïté idéologique doublée d’une ambition incontrôlée, on ne tarde pas à se trouver où se trouve Vital Kamerhe aujourd’hui.

Tout est parti de la guerre ouverte que Vital Kamerhe, Secrétaire général du Pprd, mènera contre Yerodia. Le péché de Yerodia, selon Kamerhe, était non seulement de mettre l’accent sur un clan politique fondé sur des bases idéologiques solides, mais aussi de répandre le credo selon lequel, le Pprd ne sera pas seul en mesure de faire élire Joseph Kabila aux élections de 2006. C’est ainsi que Vital Kamerhe combattra tous les efforts de Yerodia de créer une plate-forme qui réunirait tous les patriotes lumumbistes, mulelistes, lubayistes, … Vital Kamerhe résistera à cette idée jusqu’au Congrès du Pprd à la veille des élections. C’est difficilement qu’il acceptera l’idée d’une plate-forme, mais qui devrait s’appeler « Pprd et alliés ». Plus visionnaire que lui, Joseph Kabila le court-circuitera en se présentant comme candidat indépendant alors que Kamerhe le voyait candidat du Pprd. C’est la mort dans l’âme que Vital Kamerhe assistera à la naissance de l’Amp. En outre, il ne pardonna jamais à Joseph Kabila d’avoir fait coalition avec Antoine Gizenga en prévision du 2ème tour de la présidentielle. Il était de ceux qui pensaient qu’on pouvait se passer de cette coalition en allant à la conquête des indécis. Autant qu’il n’avait jamais porté Gizenga dans son cœur, il a combattu l’actuel Premier ministre Adolphe Muzito. Comme on le voit, Vital Kamerhe n’a jamais gagné le moindre duel contre Joseph Kabila. Ce qui arrive ne fait que le confirmer. Si Kabila s’était fié à Kamerhe, on serait encore à se battre au Nord-Kivu. L’Amp et toute la coalition ont raison de craindre l’inattendu avec un homme plus d’une fois battu proprement. Le départ de Kamerhe par tous les moyens est salutaire pour la coalition.

Joachim Diana G.

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