jeudi 8 janvier 2009

RDC: la rébellion toujours déchirée, Nkunda doit "accepter" sa destitution

KINSHASA (AFP) — Bosco Ntaganda, le chef d'état-major de la rébellion congolaise du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP), a réaffirmé à la presse jeudi avoir "renversé" Laurent Nkunda, assurant que ce changement à la tête du mouvement rebelle allait "favoriser la paix".

"Le chairman (président) a été renversé, mais le CNDP reste tel quel", a déclaré le général Ntaganda, au cours d'une conférence de presse organisée dans une petite localité du territoire du Masisi, zone sous contrôle rebelle dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC).

"Nkunda était devenu un frein à la paix au sein du CNDP. Depuis longtemps, nous lui disions de quitter le pouvoir", a expliqué M. Ntaganda, vêtu pour l'occasion de son uniforme de parade de général de brigade.

"Ce changement à la tête du mouvement va favoriser le retour à la paix dans l'est de la RDC", a-t-il affirmé, assurant "avoir le soutien des membres du CNDP et des commandants des grandes unités" militaires.

Le général Ntaganda avait annoncé lundi dans un communiqué avoir démis de ses fonctions M. Nkunda notamment pour "mauvais leadership".

Cette annonce, apparemment sans effet sur le terrain, avait été démentie par le camp Nkunda qui assurent que les instances dirigeantes du mouvement restent inchangées et tentent depuis lors de "résoudre le problème" par la négociation.

"Il y avait des problèmes organisationnels et financiers, lui seul s'en occupait (...). L'argent du mouvement ne servait plus au CNDP, mais était géré par Nkunda comme s'il s'agissait de son argent de poche", a justifié le général Ntaganda.

"Je n'ai aucun soutien du pays voisin (le Rwanda, ndlr) ou du gouvernement" congolais, a-t-il par ailleurs affirmé.

Autre signe de la gravité de la crise à la direction rebelle, le camp Ntaganda "ne reconnaît" pas la légitimité de la délégation du CNDP qui a repris mercredi à Nairobi des négociations directes avec le gouvernement congolais.

Cette délégation "ne nous représente pas et a été nommée par Nkunda après son limogeage", a commenté à ce propos M. Kamanzi. "Le haut commandement militaire et les autres organes habilités vont siéger (sous l'autorité de Ntaganda) pour décider du futur leadership", selon ce porte-parole, qui a démenti la participation éventuelle du chef d'état-major à une réunion des instances dirigeantes du CNDP organisée par les partisans de Nkunda.

Les deux camps sont pour l'instant localisés en deux régions distinctes des territoires sous contrôle rebelle au Nord-Kivu, dans l'est de la RDC. Nkunda et ses partisans sont basés dans le territoire de Rutshuru, à environ 60 km au nord de la capitale provinciale Goma. Ntaganda et ses hommes évoluent dans leurs fiefs du territoire du Masisi, région de montagnes verdoyantes à l'ouest de Goma, plus particulièrement entre les localités de Kabati, Mushaki et Kingi.

Le général Ntaganda ne serait entouré que d'une centaine d'hommes de sa garde personnelle, sans officier, affirment les partisans de Nkunda. Plusieurs importants commandants militaires du CNDP semblent cependant avoir pris son parti et se trouvaient mercredi aux côtés du chef d'état-major, comme les colonels Eric Rurimbere et Innocent Kabundi.

Aucun incident ou affrontement entre factions rebelles n'a été jusqu'a présent observé, selon le porte-parole militaire de la Mission de l'Onu en RDC.

Surnommé "Terminator", Laurent Nkunda est souvent présenté comme l'un des meneurs de l'aile dure de la rébellion. Il est recherché par la Cour pénale internationale (CPI), qui a émis un mandat contre lui pour des enrôlements d'enfants dans le district d'Ituri (nord-est) en 2002-2003. Les motifs réels de sa révolte restent à ce jour inconnus, mais seraient liés "à des motifs personnels", selon un responsable politique du mouvement.

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