mercredi 17 décembre 2008

l'ONU découvre les exactions rwandaises commises sur le territoire congolais. Un laxisme onusien qui ne manque pas d'agacer!

RDC • Les Nations unies ont un train de retard au Congo
Dans un récent rapport, l'ONU semble découvrir les exactions rwandaises commises sur le territoire congolais. Un laxisme onusien qui ne manque pas d'agacer.


Ainsi donc, dans l'est de la république démocratique du Congo (RDC), il se passerait des choses peu catholiques [un rapport des Nations unies du 11 décembre accuse les autorités rwandaises de soutenir militairement les rebelles de Laurent Nkunda, et notamment d'armer des enfants soldats]. Depuis le temps que l'on parle de la collusion entre le Rwanda et la rébellion de Laurent Nkunda, du pillage des ressources minières du Nord-Kivu ou de l'exploitation des enfants dans la guerre. Depuis que la MONUC [Mission des Nations unies au Congo] est déployée dans le pays, observant les faits et gestes des différents belligérants, on croyait qu'il était clairement établi qu'un jeu trouble se jouait dans l'est de la RDC. Et que le temps était à l'action pour arrêter les exactions contre les populations civiles et restaurer la souveraineté du Congo sur cette partie de son territoire. Mais apparemment, l'ONU a des méthodes bien particulières. Elle a pris le temps qu'il fallait pour faire un point exact de la situation du conflit qui déchire la RDC. Un groupe de cinq experts commis pour enquêter sur la guerre dans l'est de la RDC vient de rendre son rapport, qui semble découvrir seulement maintenant ces faits anormaux. Naturellement, rien de nouveau n'y apparaît, sinon la confirmation de l'évidence même. Les appuis multiformes que le Rwanda apporte à la rébellion du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) ont toujours été dénoncés par Kinshasa, pour qui la solution du drame qui se joue sur son territoire est à Kigali.



L'exploitation de coltan par les rebelles dans la zone sous leur contrôle a aussi été relevée par le rapport onusien. Le pillage des ressources minières de la RDC est, on le sait, l'enjeu principal des conflits qui ravagent le pays. Là aussi, l'ONU évoque une réalité que certaines ONG n'ont eu de cesse de dénoncer. Enfin, la partie gouvernementale a aussi été épinglée, accusée qu'elle est de collaborer avec des groupes armés dans l'est de la RDC. La grande question, au-delà de la littérature, c'est de savoir en quoi ce rapport peut faire avancer la recherche de la paix en RD Congo. Car une chose est d'établir des responsabilités dans le conflit, mais une autre est de faire en sorte que les coupables soient neutralisés. Le principal accusé, le Rwanda, a répondu, comme d'habitude, par le mépris, aux conclusions accablantes du rapport onusien. Comment exercer, dès lors, une pression sur un pays qui a toujours nié l'évidence sans subir le courroux de la communauté internationale ? Malgré les preuves que les experts de l'ONU disent détenir, le Rwanda paraît intouchable, tant il jouit d'une bienveillante attention auprès de certaines puissances, dont les Etats-Unis. Le pays de Paul Kagame a su toucher le coeur des Occidentaux en réveillant en permanence le terrible génocide qu'il a connu. Et c'est vrai, le sujet est d'une extrême sensibilité, surtout que certaines puissances et l'ONU n'ont pas bonne conscience, pour n'avoir pas pu empêcher le drame. Le Rwanda continue donc de surfer sur cette page sombre de son histoire, en invoquant des menaces venant de la RDC, où se sont réfugiés des Hutus accusés de génocide.


Et quand diplomatie et sentiments s'entremêlent, il est difficile d'agir. En tout cas, le Rwanda continue de renvoyer dos à dos les deux belligérants qui s'opposent sur le terrain, à savoir les Forces armées congolaises (FARDC) et le CNDP. Mais on voit bien que la stratégie du Rwanda consistant à se camoufler derrière son homme lige, Laurent Nkunda, a des limites. A Nairobi, les négociations piétinent parce que le pouvoir congolais sait qu'il n'a pas affaire à son vrai adversaire. Il négocie avec une sorte d'intermédiaire. Tôt ou tard, il faudra sans doute que Paul Kagame, le président du Rwanda, accepte de jouer cartes sur table. Les lois internationales sont suffisamment claires sur la déstabilisation d'Etats voisins. Le président George W. Bush, qui a créé le concept de guerre préventive dont se prévaut aujourd'hui Paul Kagame, ne sera plus bientôt aux affaires. La nouvelle administration peut ne plus continuer de fermer les yeux sur des violations aussi flagrantes du droit international. Une politique voulue par Bush au nom des relations privilégiées que les Etats-Unis entretiennent avec le pouvoir rwandais. L'heure est peut-être venue de redorer le blason du système des relations internationales, en respectant les décisions de l'ONU. Si Barack Obama veut créer une rupture en ce domaine, au Rwanda, il a des arguments solides avec le rapport des Nations unies.


Mahorou Kanazoe Le Pays

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